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Photo du rédacteurJoris Vercammen

Ne craignez rien !


L'ange leur dit : « Ne craignez pas. Car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de toute la communauté : aujourd'hui vous est né un libérateur et un sauveur, c'est le Christ, le Seigneur. (Luc 2, 10)

« Ne craignez rien. » Ce vœu est audacieux en ces temps où il semble que la guerre soit menée partout dans le monde. La violence et la destruction semblent être devenues normales. Le pire, c'est que les gens ne semblent plus avoir honte de ce qu'ils se font les uns aux autres. En fait, la violence ne fait qu'engendrer plus de violence. La part d'ombre la plus sombre des gens devient dominante. Mais il y a aussi ceux qui s'opposent à ce flot incessant de meurtres et de destructions et qui prennent des initiatives pour s'entraider, continuer à se parler, se tendre la main. Heureusement, chacun d'entre nous en connaît des exemples. Alors, sur les vagues de l'incertitude, se forme aussi une communauté invisible de ceux qui ont la force de garder patience.

Ne craignez rien. Un Sauveur vous est né. Cherchez le Christ, le Seigneur, et vous trouverez un enfant. 

C'est un ange qui appelle les bergers. Les anges sont une métaphore pour dire qu’un événement salvateur va venir, même si les apparences s'y opposent. Et le message le montre. Il s'agit du « Christ », c'est-à-dire de l'oint et de l'envoyé de Dieu, et que ce Christ est « Seigneur » : titre que les disciples ont donné à leur Jésus après la résurrection. Lisez Paul à ce sujet, ce Jésus qui était descendu dans la mort, Dieu l'a élevé très haut pour que toute langue le confesse : celui-ci est vraiment Seigneur ! (Eph. 2)

Et un enfant est la figure de tout cela, selon le message de l'ange. Il ne s'agit pas d'une projection romantique d'une innocence naïve et rêvée, mais des couleurs fondamentales de toute vie humaine : la vulnérabilité et la dépendance. Car c'est ce qui caractérise le Jésus qui nous rencontre dans l'Évangile. Il est vulnérable et c'est pour cette raison qu'il est si radical, il est remis entre les mains des hommes mais c'est aussi pour cette raison qu'il est grand parce qu'il reste droit dans son abandon au choix de Dieu pour la paix et la justice, la communion et la communauté. Nous pouvons alors constater à quel point nous sommes vulnérables, à quel point notre société est fragile. Les gens peuvent si facilement être trompés et abusés. Les gens peuvent si facilement se sentir menacés qu'ils ne voient pas d'autre issue que le recours à la violence. Cela nous rend anxieux.

En tant que chrétien, que faire de cette peur et de cette violence, de toutes ces guerres ? La vulnérabilité et la dépendance restent des défis majeurs pour les croyants également. L'histoire de Noël nous dit que Dieu lui-même est venu vivre dans cette dépendance et cette vulnérabilité. Car c'est là le message de toute l'Écriture : Dieu cherche à habiter parmi les hommes. Apparemment, Dieu cherche les gens autant que les gens cherchent Dieu. Et il est possible qu’ils s'ouvrent à Dieu de telle sorte que Dieu devienne un hôte résident. Comme nous le lisons à propos de Marie dans les évangiles, par exemple, et donc aussi à propos de Jésus, l'homme qui prie Dieu, qu'il appelle son « cher père » : « Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi » (Jean 17:10). Une personne peut-elle être plus dépendante ? Et un être humain peut-il faire l'expérience d'une plus grande connexion ?

Car voilà : si les êtres humains sont créés à l'image et à la ressemblance de Dieu, il est inévitable que leurs valeurs de base soient aussi celles de Dieu. La vulnérabilité de Dieu et sa dépendance à l'égard de l'homme sont aussi, pour Dieu, le chemin qui mène à la connexion avec l'homme, si passionnément recherchée par Dieu. Voici, vous trouverez un enfant....

Nous sommes vulnérables. Il est compréhensible que la peur nous guette pour occuper nos cœurs et prendre le contrôle de nos vies et de notre monde. La peur est comme un dictateur qui prend le contrôle et exige une docilité absolue. Il faut du courage pour sortir du joug de la peur. Mais c'est nécessaire, car la peur déforme notre vision du monde… Comme si personne ne s'était élevé au-dessus du mal de la haine et de la violence. Comme s'il n'y avait jamais eu quelqu'un qui ait marché sur les eaux tumultueuses du mal et qui soit resté debout, faisant signe maintenant : « N'ayez pas peur, venez à moi ». Comme s'il n'y avait jamais eu quelqu'un qui, bien qu'abattu, a été ressuscité et nous invite : « N'ayez pas peur, allez dire à mes frères d'aller me voir en Galilée. (Mt 28, 10)

La Galilée, c'est la vie telle qu'elle est : vulnérable et dépendante. La Galilée, c'est nous, les croyants ordinaires, vulnérables et dépendants les uns des autres. La Galilée, ce sont les vagues d'incertitude qui nous menacent. Au milieu de cette Galilée, nous célébrons également l'abandon de Jésus au rêve de Dieu à Noël. Sur les vagues de l'incertitude se forme donc une communauté qui croit au pouvoir de la vulnérabilité. Nos petites communautés peuvent aussi devenir l'ange que le monde attend. Peut-être qu'à Noël, nous recevrons nous aussi quelque chose comme un « courage angélique ». Espérons-le, car le monde attend cette parole libératrice : n'ayez pas peur !

Joyeux Noël !

+Joris Vercammen.

Évêque délégué auprès de la MIVICA.

 

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1 Comment

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Jocelyne
Dec 24, 2024
Rated 5 out of 5 stars.

Ce message : N’ayez pas est un message d’espérance, qui s’adresse à chacun de nous et qui passe par la naissance et le don de notre Seigneur Jésus-Christ au monde. Merci pour ce message qui nous rejoint dans toutes nos incertitudes, dans nos moments de joie et d’abandon. Merci à vous Mgr Joris et comme chacun de nous, j’ose vous dire : « N’ayez pas peur. Recevez Mgr Joris et chacun mes fraternelles salutations. Jocelyne.

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