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Les vieux-catholiques :

Quelle identité ?

Icône du monastère de Baouit en Moyenne Égypte. Datée du VIIIe siècle. Le Christ (reconnaissable aisément à son nimbe portant une croix) et l’abbé Ména, le supérieur du monastère à cette époque.

Les Eglises vieilles-catholiques ont constitué entre elles en 1889 une Communion ecclésiale, l'Union d'Utrecht qui regroupe aujourd’hui quelque 200'000 membres en Europe (Allemagne, Autriche, Croatie, Pays-Bas, Pologne, Suisse, Tchéquie, Belgique/France, etc. )   

Dès leur constitution, ces Églises se sont organisées sous une forme épiscopale et synodale, pour que la gouvernance de l'Eglise associe effectivement l’évêque et le clergé avec les laïcs. Ce qui a amené de nombreuses réformes, comme la suppression du célibat obligatoire pour le clergé, le remplacement du latin au profit des langues locales dans les liturgies, la suppression de l’obligation des jeûnes, des pèlerinages, de la confession, etc.

 

A partir des années 1970, les Églises des Pays-Bas-Bas, Allemagne, Suisse et Autriche ont engagé un processus qui a mené à l'ordination des femmes au diaconat, puis à la prêtrise. Les premières femmes ont été ordonnées diacres dans les années 1980 et prêtres à partir des années 1996-2000. Ces mêmes Églises ont introduit depuis les années 2010 une bénédiction pour les couples de même sexe. 

L'ecclésiologie vieille-catholique fait référence à l'Église ancienne (d'où le nom de « vieux-catholiques"). Ces Eglises sont dirigées conjointement par un évêque dans un réseau synodal avec les autres membres du clergé et les laïques. Ce qui veut dire que tous ont part aux tâches fondamentales de l'Eglise :

  • la koinonia, c'est-à-dire la communauté, la communion fraternelle 

  • la leitourgia, c’est-à-dire le déroulement de la prière publique ;

  • la martyria, c’est- à-dire le témoignage ;

  • la diakonia, c’est-à-dire la solidarité, la fraternité, etc. 

Le texte fondateur est la Déclaration d'Utrecht. Ce texte est un appel à l'unité de l'Église « catholique » toute entière, c'est-à-dire aux Églises orthodoxe et anglicane.

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​Il existe également deux autres textes :

  • Les Accords d'Utrecht qui décrivent comment l'Union se comprend en tant que Communion ecclésiale​

  • Le Règlement qui établit l'organisation interne de la Conférence Internationale des Évêques vieux-catholiques (CIE/IBK en allemand), le premier organe responsable de l'Union d'Utrecht sur le plan international.  

Ces trois documents forment la Convention d'Utrecht. Les Accords et le Règlement ont été remplacés en 2000 par le Statut des évêques vieux-catholiques réunis dans l'Union d'Utrecht.

L'ecclésiologie vieille-catholique fait le lien entre la nature de l'Église et sa mission fondée en Dieu qui est son passé, son présent et son avenir. On retrouve ici la notion de koinonia, la communion ecclésiale fraternelle (cf. 1 Co 10,16s) qui se réalise dans les tâches fondamentales (martyria, leitourgia, diakonia).

 

La théologie vieille-catholique a ainsi développé la notion de l'Église locale qui s'est enrichie grâce aux contacts avec les théologiens orthodoxes et anglicans. 

La source de cette vision est l'assemblée eucharistique, une communauté présidée par l'évêque (et en son absence par un représentant membre du presbyterium), entouré des baptisés, porteurs de l'Esprit Saint. C'est cette communauté qui est appelée Église locale. 

Mais si les vieux-catholiques sont restés attachés au ministère épiscopal pour le maintien et la mise en valeur de l'unité, la catholicité et l'apostolicité de l'Église locale, ils sont tout autant attachés à situer ce ministère épiscopal dans un réseau synodal qui inclut aussi les autres membres de l'Église locale, les prêtres (presbyterium), les diacres et l'ensemble des baptisés non-ordonnés (laïques) qui participent les uns et les autres au ministère épiscopal et à la vie de l'Église locale. 

Cette vision synodale et communautaire de l'Église est probablement un des points essentiels du mouvement vieux-catholique dès son origine. Cette théologie se retrouve largement dans le discours œcuménique contemporain qui évoque la dimension personnelle, collégiale et communautaire du ministère épiscopal (episkopé). Les théologiens contemporains parlent ici de " mono-épiscopat " c'est-à-dire d'un seul évêque comme "focus personnel " d'une communauté de baptisés sans pour autant souscrire à un épiscopat "monarchique " où l'évêque demande aux prêtres, aux diacres et aux laïcs une totale obéissance.

Leurs tâches des membres de l'Eglise sont différentes, mais sans qu'il y ait de supériorité d'une "Église enseignante" et la soumission d'une "Église enseignée". L'intention des vieux-catholiques est celui d'une réforme permettant la co-responsabilité des ministères ordonnés et des laïques. Certains théologiens parlent ici de "démocratisation". 

Chaque Église vieille-catholique possède un synode (synode diocésain ou synode général) auquel des laïques délégués par les paroisses et des ecclésiastiques (soit tous ou certains selon les cas) ensemble avec l'évêque, délibèrent et décident à propos des tâches internes de l'Église. En général les délégués laïques sont majoritaires. Entre les sessions du synode, l'Église est gouvernée par l'évêque (ou les évêques) en collaboration avec un comité souvent appelé "conseil synodal". 

Cette communion fonctionne également au plan international par la Conférence internationale des évêques (CIE/IBK en allemand). S'il existe un primat parmi les évêques (en l'occurrence l'archevêque d'Utrecht) celui-ci est un primus inter pares (un premier parmi les égaux) qui ne possède aucune juridiction sur les autres Eglises locales. Par ailleurs le fonctionnement synodal est préservé dans la mesure où il est accordé une place importante au processus de réception dans les Églises locales. C'est pourquoi les vieux-catholiques refusent de souscrire à la primauté de juridiction du pape et à la notion d'Église universelle qui est totalement inconnue de l'Église ancienne ou des Églises orthodoxes. ​

Cette démarche accorde une grande importance à l'œcuménisme.  Ce qui a permis d'établir la pleine communion avec les Églises anglicanes dès 1931, et qui reste à accomplir avec les Églises orthodoxes. 

Suite au concile de Vatican II (1962-1965) où un observateur vieux-catholique a été invité, un processus de dialogue a été mis en place avec l'Église catholique-romaine. Ce dialogue a débuté dans des groupes nationaux comme en Suisse. Puis en 2003 avec le Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens. Une commission mixte internationale a alors été créé qui a publié en 2009 le rapport Église et communion ecclésiale (Cf. ISTINA. n°1/2012). La seconde partie de ce rapport a été publiée en 2016-2017 (traduction française en cours).   

D'autres dialogues ont abouti à la pleine communion avec des Églises membres de la Communion anglicane ou en communion avec celle-ci :

 

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