Quelques repères historiques
Bien avant la naissance proprement dite des "vieux-catholiques", on peut dire qu'il existait en France et en Belgique des courants de pensées dans l'Eglise catholique que l'on peut considérer comme du mouvement vieux-catholique et de l'actuelle mission vieille-catholique de France et de Belgique francophone (MIVICA).
Le Gallicanisme
Mouvement qui, pendant des siècles, a défendu les droits à l'autonomie autonomie de l'Eglise de France vis-à-vis de Rome et de la papauté
cf. article gallicanisme dans Wikipédiafr.wikipedia.org › wiki › Gallicanisme
Mouvement dont le nom vient de son fondateur Cornélius Jansen (1585-1638), évêque d'Ypres (aujourd'hui dans les Flandres belges).
Ce mouvement tenta de réformer l'Eglise catholique en se fondant notamment sur la spiritualité de S. Augustin
cf. article Jansénisme dans Wikipédiafr.wikipedia.org › wiki › Jansénisme
On ignore souvent que dans le contexte de la Révolution française, 55% du clergé catholique a prêté serment à la Constitution civile du Clergé, une réorganisation de l'Eglise catholique en France en 1790. Celle-ci était largement inspiré par le gallicanisme et le jansénisme. Parmi les initiateurs de cette Eglise catholique constitutionnelle, l'évêque Henri Grégoire (l'abbé Grégoire) tient une place éminente. Ancien évêque de Blois (Loir-et-Cher), Henri Grégoire visita l'Eglise d'Utrecht. Il entretint une correspondance avec plusieurs membres du clergé "vieux-catholique" hollandais. Il est resté célèbre pour son soutien au judaïsme et pour sa lutte en faveur de l'abolition de l'esclavage. Ses cendres ont été transférées au Panthéon en 1989.
Cf. Église constitutionnelle — Wikipédiafr.wikipedia.org › wiki › Église_constitutionnelle
Henri Grégoire — Wikipédiafr.wikipedia.org › wiki › Henri_Grégoire
Le mouvement vieux-catholique en France et en Belgique
Le Père Hyacinthe Loyson (1827-1912)
Il a été l’un des plus célèbres opposants à l'ultramontanisme en France. Ancien disciple du Père Lacordaire, prédicateur de l’Avent à Notre-Dame de Paris de 1864 à 1869, il proteste contre le concile de Vatican I et rejoint le mouvement vieux catholique. Il participe à plusieurs congrès internationaux et se marie à Londres en 1872 avec une américaine Emilie Meriman, avec laquelle il partagera toute sa vie. Ils auront un fils, Paul-Hyacinthe Loyson, écrivain, qui dirigera le journal des Droits de l'Homme. Le Père Hyacinthe Loyson et son épouse Emilie Loyson sont inhumés dans le célèbre cimetière parisien du Père-Lachaise.
L'Eglise vieille-catholique en France après le Père Hyacinthe Loyson
Une Eglise catholique-gallicane Saint-Denis est construite à Paris en 1895. Elle comprend un presbytère, deux salles de réunion, une bibliothèque ainsi qu’un petit séminaire. La communauté se développe et l’archevêque vieux-catholique d’Utrecht la visite régulièrement. Par la suite, un jeune français Xavier Gouard (1877-1940), originaire du Loir-et-Cher va suivre des études de théologie à Paris puis aux Pays-Bas. Il sera ordonné prêtre en 1904 et pendant 9 ans il va être vicaire à Rotterdam avant d’en devenir le curé en 1913. Il ne reviendra à Paris qu’en 1919 où il est nommé curé de la paroisse parisienne tout en restant curé de Rotterdam. C'est là qu'il décède en 1940 sous les bombardements. Durant la 2ème guerre mondiale, l’église va demeurer sans desservant et les paroissiens se dispersent peu à peu. Une communauté ukrainienne, puis une congrégation orthodoxe occidentale y célèbre des offices. Après la guerre, le chapitre d’Utrecht, qui est devenu propriétaire des lieux, souhaite vendre les locaux. Ce qui entrainera un procès avec les occupants qui aboutira, après de nombreux appels, à la vente de ces locaux en 1970. Ce qui permettra de financer en partie l’achat du Centre St-Denis, rue de Douai, lui-même vendu en 2010.
La Mission vieille-catholique de France
Dans les années 1950, d'anciens prêtres catholiques romains vont créer à Paris l’association EDPEF (Étude et Diffusion des Principes de l’Église de France) dont la parution est annoncée au Journal officiel en 1952. Des célébrations ont lieu dans les familles, comme à Noël 1951, rue du Bac à Paris, dans le vieil hôtel particulier où le père Hyacinthe est décédé en 1912 et dans différents autres lieux comme au Foyer de l’âme à la Bastille, à la chapelle de l’Ambassade britannique, rue d’Aguesseau et dans une ancienne chapelle « gallicane ».
En 1955, un deuxième prêtre rejoint la « Mission » ainsi qu’un sous-diacre. En 1957, une association cultuelle (loi 1905) est constituée. Le Père André Bekkens mène avec son épouse une activité pastorale assez impressionnante. Outre les célébrations régulières, il existe des cercles de réflexion, des soirées récréatives, des vacances communautaires, des activités de jeunesse, etc. En 1972, une chapelle est inaugurée rue de Douai.
En 1983, Bernard Vignot est élu recteur. Dans le même temps, plusieurs anciens prêtres catholiques romains rejoignent la "Mission" et exercent un ministère comme prêtre marié tout en ayant une activité professionnelle. De nouveaux statuts sont rédigés qui prennent la forme d’une union d’associations locales. Un « synode » est organisé pour la première fois en 1985. Un laïc néerlandais, M. Wilhelm Verhey, installé en France pour sa retraite, est élu président jusqu’à son décès en 1989. Par la suite, plusieurs départs de prêtres vont remettre en cause ce développement. Des eucharisties sont célébrées régulièrement à Paris par plusieurs prêtres français et étrangers. Les statuts sont modifiés et la « Mission » s'identifie peu à peu avec la seule communauté parisienne. En revanche l’association alsacienne fondée en 1983 continue d’exister, mais sans lien organique avec la Mission.
En 2002, la Conférence des évêques (IBK) mandate l'évêque suisse Fritz-René Müller (photo ci-contre) pour accompagner la MIVICA. En 2006, suite à la suppression du ministère francophone à la paroisse épiscopalienne de Paris, un petit groupe décide de rejoindre la communauté parisienne. Les évêques vieux-catholique et épiscopalien (anglican américain) se rencontrent pour envisager un partenariat. Un prêtre anglican est chargé d’assurer une célébration eucharistique mensuelle à Paris. En 2007, deux prêtres qui ont fondé le Prieuré du Bon Pasteur à Prisches, dans le nord de la France, rejoignent la Mission avec leur communauté. L’évêque Müller visitera plusieurs fois cette communauté. Deux sessions de formation sont organisées sur place avec un théologien suisse. En 2008, deux prêtres belges rejoignent la Mission avec de petites communautés en Wallonie.
En 2009, la Conférence internationale des évêques nomme l'archevêque Vercammen (Utrecht) comme évêque-délégué (en lien avec JC Mokry alors curé catholique-chrétien de Genève). Des conférences sont organisées pour les ecclésiastiques en Belgique et en France. De nouveaux statuts sont approuvés en 2010 qui reprennent la forme d’une union d’associations qui s'intitule Mission vIeille-catholique de France & de Belgique francophone. De nouvelles communautés sont accueillies. Après des études de théologie, Micheline Maca est ordonnée diacre puis prêtre en octobre 2022 en Belgique.