Nous ne sommes pas seuls ! Tel est le message que nous apporte Noël. Les récits évangéliques veulent nous le faire comprendre. Car celui qui pense encore que les personnages bibliques ne sont pas des gens ordinaires n'a pas bien lu les récits de Noël. Ce sont des personnes de chair et de sang qui jouent les rôles principaux, des personnes comme nous.
Avez-vous déjà réfléchi au fait que le récit de Noël porte sur des choses très ordinaires ? Un homme et une femme cherchent une maison, une femme est enceinte, un enfant naît et doit être soigné...
Si nous pouvons reconnaître Dieu en Jésus, Dieu venant dans le monde, ce Dieu partage la vie telle qu'elle est. Nous ne sommes pas seuls. Dieu vient dans le monde pour partager notre vie telle qu'elle est. C'est un véritable choc. Comme le décrit Luc dans son évangile pour les bergers. L'histoire raconte qu'ils ont eu très peur. L'ange a dû d'abord être un fantôme pour eux ! Cela a dû être terrifiant. Jusqu'à ce qu'ils apprennent à faire confiance, à faire confiance à la vie, à la vie telle qu'elle est. Car il s'agit de choses très ordinaires qui leur sont familières : un nouveau-né, enveloppé dans des linges et couché dans une mangeoire. La vie est à la fois ordinaire et mystérieuse. Notre peur enferme la vie, mais notre désir peut l'ouvrir à nouveau. Il s'agit de désirer que toutes ces choses ordinaires aient un sens profond. Parce qu'ils parlent d'amour.
Du désir, en d'autres termes. Dans un texte de l'Église primitive, lorsqu'il est question de la naissance de Jésus, on peut aussi lire le désir de Dieu. "Jésus-Christ, Dieu éternel et fils du Père éternel, est né en voulant sanctifier le monde entier en y descendant..." Dieu est aussi animé par le désir, selon cet ancien texte chrétien. Avec la naissance de Jésus, il s'est donc passé quelque chose pour Dieu : en fait, le désir de Dieu s'est réalisé. Dieu a osé - pour ainsi dire - faire le saut, ce saut qu'il désirait depuis si longtemps. Comme ça, sans raison, sans cause et sans stratégie sous-jacente, sans besoin d'atteindre quoi que ce soit et sans certitudes pour ne pas se faire mal voir, sans l'arrivisme auquel les empereurs et autres égoïstes nous ont habitués. Comme un cadeau pour ceux qui veulent le voir ainsi, Dieu s'est jeté à l'eau et est devenu humain. Dieu doit avoir une grande appréciation des gens et de leur vie, de notre vie.
Si Dieu partage nos vies, celles-ci doivent avoir un sens profond et il ne peut être question que ce qui va mal dans la vie des gens - et parfois les choses vont mal, tant pour nous en tant qu'individus que pour la société et le monde - ait le dernier mot. L'abandon de Dieu lui-même, sans raison, juste par pur désir d'amour, peut nous montrer la voie vers l'art d'embrasser et de profiter de la vie, même si nous devons naviguer autour de la banquise des blessures intérieures et extérieures.
La venue de Dieu dans le monde n'a pas de raison d'être, tout comme Dieu lui-même n'a pas de raison d'être, tout comme la vie n'a pas de raison d'être. Dieu est un don, une grâce, et notre vie peut aussi devenir un don et une grâce. Tel est le message qui émane de l'abandon de Dieu. L'invitation est donc d'entrer dans notre réalité humaine comme Dieu lui-même y est entré. Vivre, c'est l'invitation que l'on peut entendre comme un écho du chant des anges. Les anges le chantent : "Aujourd'hui, un sauveur vous est né" et il nous appartient d'offrir une hospitalité inconditionnelle à ce sauveur. Dieu veut être chez lui ici, dans cette vie qui est la nôtre. Il nous appartient donc maintenant de nous demander si nous voulons nous aussi être chez nous dans cette vie. Ce n'est que si c'est le cas que nous pourrons entrer en contact les uns avec les autres et, de surcroît, courir le risque de rencontrer Dieu. Oui, Dieu est bien plus proche que nous ne le pensions. Croire, c'est en fait vivre pleinement, avec toute la joie, la beauté, l'amour et la connexion que cela implique.
Nous ne sommes pas seuls. Dieu croit en nous ! C'est une raison de se réjouir et en même temps une invitation à croire en Dieu à notre tour.
J'aimerais vous inviter tous à notre retraite. « Libérer la Joie » en est le thème. Ensemble, nous chercherons des signes de Dieu au milieu de la vie telle qu'elle est et nous verrons comment cette vie - malgré la douleur et le chagrin - est aussi une source de joie. Réservez les dates dans votre agenda : du vendredi 26 au dimanche 28 avril 2024 à l'abbaye de Scourmont (Belgique).
Et célébrez la vie pendant ces jours de Noël : une vie qui peut sembler si ordinaire mais qui reste toujours un mystère. Laissez place à votre désir d'amour et abandonnez-vous à la joie qu'il vous apporte !
Joyeux Noël.
+Joris Vercammen
Évêque délégué auprès de la MIVICA.
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