La Création : la fête de Dieu pour l'homme !
Dans le récit de la Création, le Créateur conclut chaque jour de la création en disant que c'était bon, voire très bon. La terre est destinée à être un paradis pour l'homme. La création est un acte d'amour de la part de Dieu. Dans la création, la communion nous est donnée. Le péché d'Adam consiste précisément en ce que l'homme refuse cette communion. Le fantasme de l'homme de se prendre pour un dieu s'y oppose. La chute, c'est l'homme qui refuse la relation. La relation avec Dieu, mais aussi, par là même, les relations avec ses semblables. La chute est immédiatement suivie par l'histoire de Caïn et Abel.
Les chrétiens d'Orient disent que la création est un sacrement. Ils entendent par là que la création est une relation : une main tendue vers nous qui veut nous offrir la sécurité. Ces mêmes chrétiens d'Orient parlent de Dieu qui embrasse le monde. Les gens sont invités à se confier à ces bras étendus et à se réjouir de la sécurité qu'ils offrent. Lorsque Paul écrit que l'intention de Dieu est de réunir la création sous un seul chef en Christ (....), il ne veut rien dire d'autre que dans l'amour de Jésus, l'intention ultime de la création n'est pas seulement visible, mais aussi réalisée. (Comparez Ephésiens 1:9). En fin de compte, tout et tous sont appelés à être transformés en pure amitié. D'où leur préférence pour l'icône de la transfiguration et l'importance qu'ils accordent à la fête de la transfiguration le 6 août (Marc 9,2-13 ; Matthieu 17,1-8 ; Luc 9,28-36).
Mais si la communion et l'amitié sont le sens de la création, il va de soi que de grandes questions se posent dans toutes les situations où des personnes sont exclues de cette communion. Nous savons que le pillage de notre planète a un effet négatif supplémentaire sur la pauvreté mondiale. Il ne s'agit pas seulement de durabilité, mais du sort de l'humanité elle-même. Notre attitude envers la création reflète la manière dont nous nous traitons les uns les autres. Le lien entre la question écologique et la question de la pauvreté n'est donc pas seulement économique, il est aussi spirituel. L'exclusion économique est liée au même refus de la relation : le refus de la relation avec la création se traduit naturellement par le refus de la relation avec les autres êtres humains. Dans les deux cas, c'est l'ego qui fait obstacle. La question est de savoir quel type de société nous voulons réellement. La question est de savoir si nous sommes sensibles à la fête, au lien et à l'amitié qui nous sont fondamentalement offerts dans la création. C'est une question de sensibilité fondamentale qui nous fait souvent défaut.
Pour résumer, je voudrais citer le patriarche œcuménique Bartholomée, dans sa conférence prononcée dans notre cathédrale vieille-catholique d'Utrecht le 24 avril 2014 :"La nature est un livre, grand ouvert pour que nous puissions tous le lire et en tirer des enseignements. Chaque plante, chaque animal et chaque micro-organisme nous raconte une histoire unique, se déploie devant nous comme un merveilleux mystère et témoigne d'une harmonie et d'un équilibre extraordinaires, d'une interdépendance et d'une complémentarité. Nous retrouvons le même dialogue communicatif et la même communauté de mystère dans l'univers, où d'innombrables étoiles trahissent la même beauté mystérieuse et la même interdépendance mathématique. Nous n'avons pas besoin de cette réalité pour prouver l'existence de Dieu. Nous en avons besoin pour respirer, pour vivre ». (Une conversation en cours. Le patriarche vert aux Pays-Bas. Amersfoort, Église vieille-catholique, 2014, p. 48)
1. Octobre 2024. +Joris Vercammen
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